L'autre et l'un

par **chanteleloup29** Lun 10 Sep - 7:50

Taram et Durvan peuvent le certifier. J'ai bossé sur cette nouvelle lol... Tout un matin aux vacances de Toussaint dernière... Bon d'accord c'est un peu long mais qu'est-ce que vous en pensez ??

L’autre et l’un

Je l’attendais, assis sur les marches du square, à côté de la fontaine sans eau. Il avançait vers moi avec un pas déterminé. Il avait la peau mate, les cheveux bruns et les yeux marrons-noirs. Il était vétu d’un simple jean noir et d’un tee-shirt orange. C’est ainsi qu’on pouvait décrire Mickaël. Aussi loin que je me souvienne j’avais toujours été là pour lui, le soutenant, l’aidant, le consolant. Il s’approchai de moi et me serrait la main. Son contact était chaud, vivant. Il s’assit à mes côtés et nous discutâmes de notre journée de cours. Mickaël aimait bien l’école, moi pas. J’y allais sans affaire, mais le grand cœur de Mickaël m’en prêtait toujours. Mickaël ne me parlait pas du tout pendant les cours. Oh, il avait bien essayé. Mais je gardais le silence afin qu’il se concentre sur ses études. Je ne voulais pas avoir une mauvaise influence sur lui…
Cette journée fut banale, aucun événement extraordinaire ne se produisit sauf un. En plein cours de maths, où j’allais m’endormir d’ailleurs, le directeur entra dans la classe et nous présenta une fille. C’était une nouvelle, elle s’appellai Lou et venait d’un trou paumé du centre de la France. Elle n’avait pas cette beauté plastique des autres filles de la classe. Non ! Lou était tout simplement belle.
Elle se dirigeait vers Mickaël en ignorant les autres gars de la classe. Ces derniers étaient déçus, cela se voyait sur leur visage. Elle demanda à Mickaël, si la place à côté de lui était vide. Je m’étais discrétement eclipsé derrière pour lui laissé le champ libre. Mickaël n’avait pas souvent l’occasion de parler à une fille, il ne fallait donc pas les gâcher. Mickaël regarda la chaise vide à côté de lui avec étonnement se retourna vers moi et me vit, puis il accepta la proposition de Lou. A midi, Lou avait changé de groupe et discutait avec les autres garçons de la classe. Je mangeai donc avec Mickaël, sur la petite table du fond, comme d’habitude… Mickaël paraissait rêveur et je m’en étonnai.
« Tu penses à elle, hein ? demandais-je.
- Oh, toi, on ne peut jamais rien te cacher de toute façon ! répondit-il froidement.
- Ca va !! Le prends pas mal ! Ca crève les yeux.
- Excuse, j’étais un peu sur les nerfs.
- Pas grave, répondis-je en riant.
- Pourquoi tu ris ? me demanda-t-il.
- Ca me fait marrer de te voir tendu alors que tu es toujours calme d’habitude.
- Si tu le dis…
- … C’est que c’est vrai. »
Ma réplique eu l’air de le calmer, comme d’habitude.
Nous étions toujours dans le square à penser. Il était agréable, et luxuriant. Les feuilles quoique déjà jaunies étaient d’une belle couleur et resssortait sur le tapis de pelouse vert. Nous le quittions en nous faisant une promesse, certes futile, de rester ami à la vie ainsi qu’à la mort. Notre retour vers la maison de Mickaël fut rempli de rires et de coups de poings amicaux sur l’épaule.
Arrivés dans la chambre de Mickaël, je m’affalai sur son lit et il entama la discussion sur le sujet qui le préoccupait tant depuis ce matin :
« Tu as vu ?? Elle n’est pas timide cette fille ! déclara-t-il.
Je décidai de ne pas relever l’intonation qu’il employait en essayant de cacher une émotion qui ne se voyait que trop bien.
- Ouai, c’est clair ! En plus elle est super mignonne avec ses grands yeux qui pétillent ! répondis-je sur un tont décontracté.
- Elle n’a fait que se retourner vers toi ! Pendant tout le cours !
- Oui, je sais, répondis-je en riant. Enfin quelqu’un qui remarque ma beauté légendaire !
- Laisse-moi rire, c’est quand même à côté de MOI qu’elle s’est assise, répliqua Mickaël en insistant sur le moi.
- Jaloux ! répondis-je méchament »
En effet, le faite que Lou m’ai regardé pendant tout le cours ne m’avait pas déplu. Mais j’avais quand même une drôle d’impression : celle d’être invisible. J’avais la même en présence des autres. Finalement elle ne changeait rien à la règle mais ce fut la première fois que j’aurais aimé que quelqu’un me regarde et non me voit. J’étais en même temps vexé et jaloux que Lou se soit assise à côté de Mickaël. J’aurais du être content pour lui. Après tout, c’est mon meilleur pote. Mais cette fille là, je crois que je la veux pour moi et pour moi seul.

Le lendemain, j’allai enh cours avec Mickaël normalement, sauf en sport. Je séchai toujours le sport, j’avais horreur de ça. Pourtant j’étais bien bâti mais je n’aimais pas le sport, voilà tout. Je crois que Mickaël m’avait dit qu’ils faisaient du judo. Peu m’en importait mais j’avais envie de revoir Lou alors je m’approchais des fenêtres du dojo. Je vis toute la classe combatant par deux. Je regardais Lou, elle était belle en toutes circonstances, puis je regardais mon ami, il assurait au judo. Il en a fait depuis l’âge de six ans. Cependant Lou éprouvait certaines difficultés. Je vis Mickaël s’approchait d’elle et lui murmurai quelque chose à l’oreille. Je crois que c’était sa botte secrète qu’il n’a jamais révélé à personne, pas même à moi !! Pas même à moi, son ami de toujours. Après cela, Lou gagna son combat. Le regard qu’elle adressa à Mickaël était un mélange de fierté et de remerciements. A ce moment là, je crus que j’allais exploser. Je voulais que ce soit à moi que Lou fasse ses regards et non à Mickaël…

Les semaines passaient, passaient, passaient. Mickaël se rapprochai de plus en plus de Lou. C’est bien simple : ils étaient INDECOLLABLES. Il m’oubliait et je ressentais cet oubli comme un abandon. Je n’avais pas d’autres amis à part Mickaël, mais lui maintenant il avait Lou… Un jour, j’assistai à une conversation entre lui et elle :
ELLE - Ca te dirais d’aller faire un tour au parc, mercredi après-midi ?
LUI – Euh… Da, da, d’accord, bégaya-t-il lamentablement.
Ce mec est incroyable, il ne parvient pas à aligner deux phrases avec elle. Il lui montre ses émotions à cœur ouvert. Il ne devrait pas. Quand on montre trop ses émotions, les gens s’en servent ensuite pour vous faire souffrir. J’avais décidé d’avoir donc une petite conversation avec lui dans la soirée et dans sa chambre :
« Alors, comme ça tu as un rendez-vous galant ? l’attaquais-je fortement
- Mais nan, tu n’as rien compris, c’est juste une balade entre potes ! répondit-il pitoyablement.
- Entre potes !? Je croyais que c’était moi ton unique pote !
- Tu étais mon unique pote, maintenant j’ai Lou comme amie aussi ! répliqua-t-il.
- Tu as vu ce que tu me dis là ! On n’est plus ensemble, on ne discute presque plus ! Je me sens invisible ! répondis-je, blessé dans mon amour propre
- Mais tu ne parles à personne, même pas à Lou, tu ne vas pas me reprocher de créer des contacts avec les autres ! Tu me disais sans cesse de ne pas rester seul !
- Oui je le disais, mais j’espérais que tu ne m’oublierais pas pour autant ! Et, je ne sais pas si tu as remarqué, mais les autres, comme tu dis, ne me voient jamais, je fais parti du décor ! A leurs yeux, je n’existe pas, même à ceux de Lou ! explosais-je.
- Tu es jaloux ! Avant, c’était toit le « dominant » entre nous deux ! Moi, je m’effaçais pour t’obéir, te suivre, je n’avais pas confiance en moi. Tu m’as toujours dit de croire en moi, c’est ce que je fais ! Je ne suis plus dépendant de toi en amitié, maintenant, j’ai Lou et OUI je l’aime : je viens juste de m’en rendre compte figure-toi ! JE N’AI PLUS BESOIN DE TOI ! hurla-t-il.
- Si c’est aussi clair, d’accord, alors salut ! lui dis-je avec un sanglot dans la voix. »
C’en était trop pour moi. Je quittai sa chambre puis sa maison en claquant la porte. Je me rendis compte maintenant que je ne pouvais avoir Lou. Cela me désola, je m’étais brouillé avec mon meilleur ami à cause d’une fille. Elle est en train de changer Mickaël et ça me fait peur. Que vais-je devenir sans lui ? »

Le lendemain Lou questionna Mickaël pour savoir s’il était toujours d’accord pour une promenade au parc. Celui-ci répondit que oui il était d’accord... Je lui lançais un regard amical afin de rétablir nos contacts mais ses yeux bruns évitèrent les miens.

En fin d’après-midi, je me retrouvai à flâner dans le parc sans trop savoir où j’allai. Je pense qu’en fait je voulais surveiller Mickaël et Lou. Je me sentais lorsque je me retrouvais loin de Mickaël. Je crois que j’ai besoin de sa présence pour vivre… Soudaint j’entendis des éclats de voix, je m’approchai donc de l’endroit d’où venait le bruit. Mickaël et Lou était en fait entouré par cinq gars de notre classe. Je suivis leur conversation avec intérêt :
« Eh, toi là, bas les pattes ! cria Thierry le chef d’une bande d’idiots sans cervelle de notre classe.
- Eh, t’es sourd ou quoi ? Je t’ai dit bas les pattes ! répéta-t-il.
- Pourquoi t-obéirais-je ? répliqua Mickaël
- Pff, elle est bien trop belle pour toi ! Tu devrais te regarder dans un miroir avant ! siffla-t-il.
- Je ne vois pas pourquoi elle serait trop belle pour moi, et de toute façon c’est juste une amie !
- Ah ! Alors si c’est juste une amie tu ne verras aucun inconvénient à ce que je te l’emprunte ? dit-il d’un ton trop doux, trop mielleux.
- Je ne te suivrais pas ! Je ne suis pas une chose qui obéit ! je vais avec qui je veux et ce n’est pas un gros lourdaud dans ton genre qui changera mes habitudes ! Alors maintenant dégage, et ne t’avise plus de m’adresser la parole ! répliqua Lou avec une force que je ne lui aurait pas cru capable de déployé.
- Tu crois qu’elle est assez belle pour toi peut-être ? Non mais, tu te prends pour qui pour la considérer comme un objet ? Tu te crois supérieur ? Et bien, tu as tort ! Est-ce que tu t’imagines que les filles t’aiment pour tes formes ? Quand on a une gueule comme la tienne, on paie les femmes qui veulent bien vous tolérer ! cria Mickaël avec une drôle de dernière phrase. »

Thierry et sa bande s’en allèrent suite à cette dernière réplique qui les cloua sur place. Lou demanda à Mickaël de qui était la dernière phrase qu’il avait prononcé. Celui-ci répondit que c’était de Zola dans Nana. Lou lui prit les mains et lui dit :
« Tu sais Mickaël tu es vraiment un gars super, je t’adore et… on partage pleins de bons moments ensembles mais… Eh tu m’écoutes, dit-elle.
- Oui, bien sur ! répliqua-t-il
- Je dirais que tu es super mais un peu étrange.
- Etrange ?
- Oui, parfois en cours tu te retournes pour faire un clin d’œil à une chaise vide, et à midi quand tu n’es pas avec nous, tu sembles discuter avec quelqu’un que personne ne voit ! C’est vraiment bizarre. »

Tout à coup je compris tout, et je me sentis bizarre. Un morceau de moi venait de disparaître, j’avais maintenant l’impression de disparaître. Je ne savais plus quoi faire. Je décidai de rentrer et d’attendre Mickaël dans sa chambre. Je rentrai donc et me jeter sur son lit en attendant, je me relevais et m’aperçut que je n’avais pas fait une seule trace sur le lit. Il était parfaitement fait et tiré aux quatre coins. Je ne savais vraiment plus quoi faire. Je m’assis sur une chaise tout en l’attendant. Cinq minutes plus tard, j’entendis une voix :
« Zack ! Zack ! Où es-tu ? Mon ami, le seul, le meilleur que je n’ai jamais eu ! Où es-tu ? Zack ! J ‘ai besoin de toi !
- Je sais, je suis là. Tu viens juste de comprendre toi aussi, dis-je d’une voix qui se voulait forte mais qui fut en faite cassée.
- Oui, je suis désolé.
- Désolé, tu es désolé, mais pour toi cela ne change rien ! Il n’y a que moi… dis-je désespérément.
- Zack, nous nous sommes promis de rester amis quoi qu’il arrive : à la vie à la mort !
- A la vie, à la mort… Parle pour toi ! Moi je ne suis ni mort ni vivant, répliquais-je fortement.
- Tu es vivant pour moi !
- Ouais juste pour toi ! Pas pour les autres ! J’aimerais bien leur parler, m’éclater avec eux, sortir avec une fille ! Il faut que je t’avoue un truc…
- Vas-y, je t’écoute, dit-il en ne sachant pas trop à quoi s’attendre.
- Tu n’es pas le seul à avoir des sentiments pour Lou… Sauf que toi tu peux lui parler, elle te voir… Moi rien !
- Là je ne sais vraiment pas quoi te dire ! D’habitude, c’est toi qui me donne des conseils.
- Tu n’as plus besoin de conseil ; tu peux très bien te débrouiller seul maintenant. »

J’étais désemparé. La sonnette retentit, une fois, deux fois, trois fois. A la quatrième fois, j’ordonnais silencieusement à Mickaël d’aller répondre et de rompre le silence qui s’était installé entre nous deux. Il alla ouvrir pendant que je le suivais, je ne sais pas s’il était encore conscient de ma présence. C’était Lou, elle parla, comme toujours, à Mickaël :
« Ca va mieux ?
- Oui, beaucoup mieux, merci, répondit-il
- Tu me sembles libéré, Mick, je ne t’ai jamais vu aussi calme et reposé ! Tu veux prendre l’air ? proposa-t-elle
- Euh, je ne sais pas, hésitait-il encore et toujours. »

D’un geste énergique je le poussai vers Lou, je voulais qu’il garde un bon souvenir de moi et si ma dernière action pouvait l’aider avec Lou je n’en serais que plus heureux. J’intimais aussi mentalement à Mickaël de dire oui, il balbutia :
« C’est d’accord.
- Où veux-tu aller ? demanda-t-elle.
- N’importe, où tu veux, je te suivrais. »

Le visage de Lou s’illumina et elle glissa sa main dans la sienne. Je glissai alors tout fort à l’oreille de Mickaël :
« C’était mon dernier conseil, ma dernière aide ; va, maintenant tu n’es plus seul, tu n’as plus besoin de moi. »

Lorsque que je disais cette phrase, je me sentis bizarre. Mickaël avait toujours été mon ami, tout comme moi j’avais été le sien. Je l’avais aidé à se rapprocher des autres, je le soutenais et surtout je lui ai appris à vivre. Nous étions plus que deux frères : j’étais lui, il était moi. Nous ne faisions qu’un. Nous étions complémentaires.

C’est à cela que sert un ami… même si j’étais imaginaire…